Vanoise

Vanoise
Au Col Rouge

vendredi 2 septembre 2011




R87
Petit déjeuner et départ... En effet la journée sera longue ! Il me faut rejoindre le refuge CAPANNA D'EFRA / 2046 m après avoir traversé le col PASSO DI GAGNONE / 2204 m.
Il y a un important dénivelé positif à grimper, de l'ordre de 2000 m... La dernière fois, c'était il y a bien longtemps ! 
La sortie du village s'effectue sur une petite route qui monte vers une retenue d'eau. Puis la route fait place à un chemin forestier qui remonte le VAL D'AMBRA sur son flanc gauche. C'est un très vieux chemin dallé et solidement construit qui devait relier les chalets et alpages de ce long vallon... A l'image de ce chemin muletier, véritable escalier de centaines de marches que j'ai descendu hier et qui devait desservir différents niveaux d'alpage.... avec, à chaque palier un point d'eau accessible.
Le chemin que j'emprunte, circule à mi pente de versants raides ou de falaise, au milieu de châtaigniers. Installé tranquillement au milieu de la trace, un troupeau de chèvres veut bien me laisser le passage. J'arrive au petit hameau de CASSINONE et continue vers la Haute Vallée, à proximité du torrent.
L'itinéraire passe à côté de vieux chalets aux toitures de lauze, caractéristiques du TESSIN. L'un d'entre eux est occupé par deux chasseurs, demain c'est l'ouverture de la chasse.
Puis longue traversée dans un bois de résineux, la trace est tapissée d'aiguilles de sapin et il fait très sombre. Résultat, je pars trop à gauche vers une mauvaise direction, mais sur un sentier assez bien dégagé, qui arrive dans une petite clairière avec une ruine ! Sûrement un poste de chasse...
Retour à la case départ en suivant le torrent, vers une prairie alpine encombrée de rochers et autres débris torrentiels. Ce fond de vallée est un imposant cirque glaciaire. Il faut franchir un ressaut rocheux afin d'arriver sur le plateau supérieur qui conduit au PASSO !
Le sentier est raide, très raide, plein d'herbes et de rochers qu'il faut franchir... mais ça monte !  Quelques traversées, des virages courts et j'arrive au col. Au-dessous, situé sur un petit replat, j'aperçois la CAPANNA D'EFRA avec son toit caractéristique de lauzes. C'est un refuge non gardé de 24 places mais qui dispose de quelques réserves de nourriture et de boissons " piccola buvette " ! Il y a tout ce qu'il faut pour cuisiner et du bois est disponible dans un bûcher à l'extérieur...
Deux jeunes randonneurs Suisse de LUCERNE sont déjà arrivés et installés.
Ambiance sympa. Ce soir Pasta à la tomate !









R86
Nuit tranquille à la CAPANNA ALPE CAVA / 2068 m. Je suis le seul à passer la nuit au refuge... Il y a quelques ouvriers qui remplacent les châssis et ouvrants de fenêtres. Martinetta, la gardienne est aux 400 coups et, ce matin j'ai droit à un petit déjeuner sur la terrasse, au soleil mais avec une polaire !
En effet, la salle à manger est encombrée de matériels, chassis et outils... Il y a aussi le bruit !
Arrive une équipe chargée de l'entretien et de la remise en état des sentiers... Je les informe de quelques points relevés en passant.
Avant mon départ, Martinetta prend contact avec une certaine Irma qui tient un bar dans un petit village, PERSONICO, à proximité de BIASCA / 292 m... Elle loue une ou deux chambres avec le petit déjeuner...
Il y a de la place et je confirme la réservation pour ce soir !
Départ de la CAPANNA CAVA pour une longue descente de 2300 m ! Et comme toute descente qui se respecte, je commence par monter pour rejoindre et passer le col FORCARELLA DI LAGO / 2236 m.



Du col la délicate traversée d'une combe me conduit à proximité d'un très beau lac. La trace continue sur le flanc droit d'un vallon au milieu des herbes d'un pâturage... La pente est soutenue !
Arrivé au niveau d'un vieux chalet en ruines entouré de grosses dalles de pierre, je remarque que les herbes qui poussaient sur le sentier viennent d'être fauchées, cela jusqu'à l'ALPE DI PONTIMA / 1687 m. C'est un énorme travail de débroussaillage effectué la veille avec dépose du matériel et de l'équipe par hélicoptère !
A partir de PONTIMA, le parcours va s'effectuer dans de bien meilleures conditions.
Tout d'abord, un chemin forestier succède au sentier, puis le chemin alternera avec des marches en dalles de pierre, quasiment un escalier, jusqu'à proximité de BIASCA / 292 m. Je parcours la ville à la recherche d' un distributeur de billets puis d'une épicerie !
Grand étonnement, j'aperçois des lauriers-roses... et des palmiers !
A mon arrivée à PERSONICO, je retrouve sur la terrasse du bar un membre de l'équipe, rencontré ce matin au refuge.
C'est lui qui m'explique les conditions et les types de travaux qu'ils effectuent, les déplacements en hélicoptère et la planification des travaux...

Leurs principaux outils : râteaux, pelles et pinceaux... mais aussi la barre à mine et de temps à autre explosifs !




R85
Beau temps sur SELMA / 981 m... Le village est encore à l'ombre lorsque je prends le téléphérique... En effet, le village de LADARENCA / 1251 m, n'était autrefois accessible que par un chemin muletier.
Or, dans les années 60 un téléphérique a été construit pour "ouvrir" le village vers l'extérieur !
C'est un petit téléphérique, à deux cabines, qui fonctionne de manière automatique 24 heures sur 24.
Il y a une caisse automatique, je paie les 4 CHF. Le portail d'accès s'ouvre et direction la cabine... Je confirme l'opération et valide la fermeture de la porte... Quelques courtes minutes de trajet et je suis arrivé ! J'aurai essayé...
Le village est vraiment minuscule avec ses maisons serrées les unes contre les autres et la petite église. Un petit chemin empierré en fait vite le tour ! Un petit utilitaire à chenilles, à défaut de  brouette, se fraie un passage dans ces ruelles et un agriculteur démarre sur un Quad.... Je le croiserai plus haut vers les chalets de PIOV DI FUORI.
Juste à l'entrée de LADARENCA, il y une signalisation donnant la direction du PASSO DEL MAURO / 2393 m et de la CAPANNA ALPE CAVA / 2068 m.




Je sors du village, situé en pleine pente, et toute de suite la trace monte pleine pente et part dans des bois pour atteindre rapidement la TERRASSE DE BOLIV, ravissant hameau qui est, paraît-il, habité toute l'année.


Une traversée de rochers et j'arrive sur un replat avec quelques beaux chalets anciens... Il y a un troupeau de chèvres et quelques vaches. Je discute quelques instants  avec l'éleveur arrivé sur un remarquable Quad rouge ! Il me confirme que j'ai encore un bon bout de chemin avant de rejoindre l'ALPE CAVA et que l'itinéraire est loin d'être facile !



 
Après une nouvelle traversée ascendante de ce qui pourrait ressembler à un ressaut presque vertical, le sentier pénètre dans une forêt de mélèzes. Petit arrêt déjeuner dans une clairière, non loin d'un torrent et à proximité de quelques vaches à longs poils ! J'ignore leur origine.





Je poursuis pour remonter une combe formée de gros blocs d'éboulis. Afin de les éviter, la trace serpente au pied d'une très haute paroi rocheuse. Il y a de beaux mais toujours dangereux surplombs et je suis vaguement inquiet à l'idée de possibles chutes de pierres ! Pour autant, il est difficile d'aller vite car la pente est forte et la trace raide. C'est ainsi !

J'arrive enfin à la BOCHETTA DI PIANCA GENEURA / 2368 m. Ce n'est qu'une première étape car il me faut redescendre sur L'ALP D'ÖRZ / 2101 m, puis remonter ensuite sur le versant opposé, en direction du PASSO DEL MAURO / 2393 m. La descente est tout aussi pénible que la montée, au milieu de gros blocs instables.
Le sentier n'est pas en bon état, la pente est forte et il faut traverser également de gros éboulis...Puis par une longue traversée dans de hautes herbes, je rejoins l'alpage, ses quelques chalets et un troupeau de moutons.




C'est à nouveau une montée vers le dernier col de la journée par un étroit sentier parfois exposé et peu sécurisé. Le vent et quelques moutons bêlants saluent mon passage au PASSO del MAURO. L'endroit est quasi désert. A part l'éleveur sur son quad, je n'ai rencontré personne sur ce long et exigeant itinéraire ! Du col, je mettrai un long moment à découvrir le refuge, tapi dans l'ombre d'un sommet voisin, au bord d'un petit lac. La descente est raide et dangereuse, d'abord par des vires et des couloirs cassants et pierreux puis par une longue traversée de grosses dalles... le balisage est bien présent et aide à trouver le bon cheminement sur ces gros blocs empilés. J'arrive enfin à proximité du refuge qui paraît bien désert !
J'entre... personne dans la cuisine, une salle à manger avec des châssis de fenêtres au milieu de la pièce, des piles de linge et un grand désordre. Bizarre... d'autant plus que j'entends parler ! Je ressors puis rentre à nouveau !
Finalement j'aperçois la gardienne démoralisée par tous ces travaux et en particulier le remplacement  des fenêtres...Il y en a de partout !
Très cordiale et sympathique, elle me prépare le dîner : Polenta et poulet sauté aux petits légumes confits. Repas excellent qui me rappelle les refuges de la Valtellina !
Il me reste à trouver un coin de table dégagé ...
Ce soir, il y a quelques ouvriers et je suis le seul randonneur dans ce refuge bien désert.


R84


Départ de MESOCCO pour SELMA. Il fait grand beau. Hier, j'ai dû renoncer à prendre le départ... le vent soufflant en tempête, de gros orages avec une pluie diluvienne et la neige en altitude rendaient toute marche impossible. Néanmoins je suis allé à MESOCCO faire quelques achats et bien  repérer  l'itinéraire.
La sortie du bourg reste problématique. Le sentier se cherche sur différents chemins... et moi je le cherche aussi !
Je retrouve une balise abîmée, déposée sous un arbre !
Je fais quelques aller-retour dans un pré et finalement retrouve un sentier. Ça a l'air assez sérieux !


Confirmation... quelques centaines de mètres plus loin, je retrouve les classiques marques "blanc rouge blanc...
La montée est rapide dans une forêt de sapins, mais c'est toujours aussi sombre ! Courte halte devant quelques vieux chalets au milieu d'un alpage, et rapide coup d'oeil en arrière sur l'itinéraire de descente sur Pian san GIACOMO sur l'autre versant... Vraiment impressionnant

L'itinéraire continue dans un petit vallon, sur la droite, au milieu d'une belle forêt de mélèzes avant de rejoindre puis remonter une combe encombrée de débris rocheux. C'est enfin le col BOCHETTA DE TRESCOLMEN / 2172 m. Je croise un couple de randonneurs Franco-Italiens... Catherine et Ugo... Ils sont montés depuis la vallée de SELMA.
Après la nécessaire pause déjeuner, nous commençons la descente sur le VAL CALANCA en discutant en Français !
Une première traversée de pelouse alpine, puis le sentier passe un premier ressaut, au-dessus d'un très beau et vaste cirque avec lac, alpage et vieux chalets... mais pas de bétail !
Je retiens des images magiques de cet endroit... qui l'a autrefois habité ? et quelle pouvait être la vie autrefois dans cet endroit du bout des Alpes avec ces deux chalets ruinés et ces enclos de pierres ?
Après la traversée d'un deuxième ressaut, le tracé continue sur le flanc droit d'un vallon étroit. Il y a beaucoup d'herbes et de magnifiques fleurs !
Court passage dans le lit du torrent, puis petite remontée vers un chalet d'alpage et une fontaine, bienvenue en cette chaude mais radieuse après midi !
Le sentier se fait ensuite plus large et la pente beaucoup moins raide pour rejoindre le fond de la vallée.
Nouvelle traversée d'un bois de sapins, passage au-dessus de la rivière et remontée au village de VALBELLA.
Cette vallée est très étroite mais très belle. De petits villages et hameaux aux maisons couvertes de dalles de pierre s'accrochent à des terrasses ensoleillées. Certains ne sont accessibles qu'à pied ou en téléphérique. Nous traversons quelques-uns de ces beaux hameaux avec de vieux et solides chalets recouverts de lauzes, dont ROSSA. Arrêt à SELMA pour prendre un pot... Une pizzeria est ouverte... mais ce soir la gérante est absente ! Graziella qui la remplace, ne sait pas faire les pizzas !
Sale temps pour les affaires... Ce sera donc spaghettis !
Elle et son mari possèdent et louent quelques chambres dans une maison près de l'église.
L'accueil est très cordial et le prix correct... C'est d'accord !
R83
...Gros orages sur PIAN SAN GIACOMO... Impossible de prendre la route vers MESOCCO. Le vent a soufflé et continue de souffler en tempête... La grêle blanchit le sol. Heureusement hier j'ai pu passer le col et donc éviter une ou deux nuits en alpage !
Je reviens sur l'itinéraire de descente et persiste dans l'idée que le sentier non seulement est dangereux par temps humide mais qu'il serait opportun de l'équiper de quelques mètres de câble.
De plus la cotation de difficulté sur le topo-guide de la VIA ALPINA serait peut-être à revoir !
Ce matin... lessive, puis visite de la cave à vin du maître de maison, ancien cuisinier et propriétaire d'un restaurant à LOCARNO.
La cave est installée dans l'abri anti-atomique de la maison qui a été recyclée en cave et cellier !
Il est vrai qu'avec l'épaisseur des murs de béton, la température doit être régulière... Mais c'est bien la première fois que je bois de la Grappa dans un tel abri ! Ambiance...
Dans l'après midi, la pluie s'arrête et je descends à MESOCCO faire quelques courses pour les pauses de midi... J'en profite aussi pour faire quelques repérages sur le prochain itinéraire. Le fait de marcher sans sac est surprenant et, je l'avoue, bien agréable !

R82/R83
Le RIFUGIO STUETTA est un refuge dans lequel règne une atmosphère chaleureuse, mais aussi apaisante... Les anciennes boiseries, les plafonds en bois, la montée d'escaliers y sont certainement pour beaucoup, les chambres aussi...
Belle ambiance dans cet ancien refuge.
Le jour se lève avec une lumière différente... un peu grise, et un ciel voilé qui commence à se charger avec de gros nuages.

Je déjeune, puis c'est un nouveau départ... Direction ISOLA par la GOLA DEL CARDINALE. C'est un très ancien chemin muletier taillé dans la roche d'une gorge aux parois quasi verticales et déja parcourue à l'époque romaine. La descente s'effectue grâce à des marches, sur un tracé relativement large et équipé par endroits de mains courantes. Il y a quelques certains points de vue vraiment impressionnants.
Bien évidemment à cette heure, l'endroit est désert et cela renforce l'austérité et le caractère sauvage de la gorge !
Les troupes de Napoléon empruntèrent ces gorges et de nombreux soldats furent emportés par des avalanches...

Je passe sur l'autre versant de la gorge, poursuivant la descente au soleil jusqu'au petit et magnifique hameau de RASDEGLIA posé à flanc de montagne avec ses chalets de pierres et de madriers brunis par le soleil et les balcons décorés de géraniums.
Une habitante me confirme l'itinéraire pour ISOLA afin de faire quelques courses, et m'indique un raccourci pour rejoindre directement le VAL FEBBRARO et le col PASSO DI BALDISCIO / 2350 m d'où je compte rejoindre PIAN SAN GIACOMO / 1203 m dans le VAL MESOLCINA en Suisse.

Le temps s'assombrit vraiment et pour éviter de perdre du temps à descendre jusqu'à ISOLA, je lui demande si elle accepterait de me céder un peu de pain... C'est d'accord d'autant plus que la tournée du boulanger est proche ! Elle me vend également un gros morceau de fromage de montagne qu'elle coupe directement dans une meule encore entière, à même le sol de la cave... Son mari en est petit producteur.
C'est donc chargé d'un peu de nourriture que je reprends la route. Le temps est devenu gris et orageux...
Par un chemin de traverse surplombant ISOLA, j'arrive dans le VAL FEBBRARO. Ses différents alpages et les abords du PASSO DI BALDISCIO ont fait l'objet de recherches archéologiques et des traces d'une très ancienne occupation humaine ont été trouvées.
Au hameau de STABISOTTO j'interroge quelques habitants sur la suite de l'itinéraire. Ils sont très perplexes quant à mes chances de franchir le col aujourd'hui :
-   " C'est très long et difficile, alors avec l'orage qui arrive "
-   "J'ai de très mauvais souvenirs de l'itinéraire vers et au retour de  PIAN SAN GIACOMO, lorsque je faisais de la contrebande de cigarettes... Mais j'étais jeune et il fallait manger. C'était une autre époque. "
Bref, qu'est-ce que je fais là...! Je reprends courage lorsqu'ils m'indiquent la présence d'alpages et de chalets, plus haut en direction du Passo.
Vaguement inquiet, je repars rapidement. La VIA ALPINA emprunte d'abord un chemin forestier le long du torrent. Puis, après une cascade et un changement de versant, le chemin devient sentier sous les sapins et les mélèzes, suivi de quelques passages en clairières pour évaluer la progression.
A cette rude et longue montée en forêt succède une traversée de plusieurs alpages. J'arrive au hameau de BORGHETTO / environ 1900 m, quand je suis surpris par un très violent orage... Je fonce me mettre à l'abri sous l'appentis d'un gros chalet. L'endroit est habité par une petite équipe d'alpagistes... ils ne sont pas très optimistes pour la suite de la journée... moi non plus d'ailleurs !


Le fermier m'engage à repartir "subito " m'expliquant que je dispose de deux/trois heures maxi pour franchir le col et que la neige est annoncée pour la soirée et la nuit prochaine !
La pluie s'arrête et je repars équipé pour la pluie qui ne tarde pas à reprendre... et toujours sous l'orage.
Dans un petit couloir à proximité du LAGO GRANDE, je croise un couple de jeunes randonneurs SUISSE en route pour ISOLA.
Ils seront les seuls de la journée...
Le secteur a fait l'objet de recherches, puis de fouilles et de nombreuses traces attestent de la présence de groupe humains depuis le Néolithique vers 6000 / 5000 ans avant JC. On trouve ici des "pierres à cupules" également gravées d'autres symboles préhistoriques... et sur un rocher, côte à côte, quelques cupules et le balisage de la VIA ALPINA.
Quel étrange et symbolique raccourci du temps qui passe !
Cette occupation humaine temporaire s'est ensuite développée et d'autres traces, datées de l'âge du Bronze, vers 3000 / 3500 ans avant JC on été également retrouvées, en particulier des outils, du charbon de bois et des cendres.
C'est de cette époque que date également le sentier qui traverse le col. Je regrette amèrement de ne pas avoir plus de temps pour observer ce paysage qui est aussi terre d'histoire, mais j'ai aussi appris qu'en montagne il faut être lucide et savoir renoncer.
Au PASSO DI BALDISCIO / 2350 m souffle un vent violent. Le ciel est très sombre et il recommence à pleuvoir.
J'entame la descente. Il y a quelques vagues traces sur les rochers... juste de quoi se perdre !
Je pars sur le mauvais côté du vallon et récupère le sentier en traversant le torrent puis en remontant une vire glissante, accroché aux herbes et sous la cascade d'un premier verrou glaciaire. Un peu limite dans de telles conditions et en solo ! Heureusement ça passe ...
Le vallon devient à nouveau plus étroit et le sentier se transforme en rocher d'escalade pour franchir un nouveau pas. La cape de pluie me gêne pour voir où je pose les pieds. Je saisis la partie basse du tissu entre les dents et jette les bâtons au pied des rochers pour mieux assurer et ajuster mes prises.
Cela devient beaucoup moins amusant... Enfin un replat, l'ALP DI BALDISCIO, que je traverse pour arriver à un passage qui donne accès vers la vallée. Et toujours pas de chalet ou d'abri pour poser le sac... et souffler un peu !
Et voilà la surprise : "Chic un  toboggan  !"...
C'est la première impression que donne le sentier quand je prends subitement conscience des  difficultés  et des 1100 m de dénivelé à venir ! Je ne suis pas encore en bas...

En fait, je suis très en colère d'être là et d'avoir encore à descendre sous l'orage jusqu' au pied du PASSO SAN BERNARDINO.
J'avance prudemment sur ce sentier raide et glissant car il pleut par intermittence. Après une première partie plus ou moins en lacets dans une combe raide et étroite, la trace oblique vers des bois... les rochers humides et moussus, les aiguilles de sapin sont autant de pièges !
Il fait de plus en plus sombre... Par endroit, sur ce terrain très escarpé, le sentier fait vraiment abandonné, en particulier les passages avec des échelles et des câbles. Sans trop de casse, je finis par arriver à proximité de PIAN SAN GIACOMO.
C'est un lieu résidentiel avec des chalets relativement dispersés, mais aucun centre avec quelques commerces et un peu d'animation  !
Le bourg le plus proche est MESOCCO / 766 m à 1h30 de marche !
Je cherche un endroit pour poser le sac et dormir mais jusqu'à présent je n'ai vu qu'un abri-bus. C'est alors que je croise un couple qui m'indique un hôtel- restaurant à 300 / 400 m... Il n'y a pas de possibilité d'hébergement car l'établissement est fermé pour travaux. En dernier recours, le gérant sort une carte de visite glissée sous le miroir du bar et téléphone à des particuliers qui tiennent un  "B and B".
En attendant, il m'offre une bière! Je dois vraiment avoir l'air fatigué !
Quelques minutes après, je suis sous la douche, puis devant un plat de spaghettis et un verre de "Merlot du Ticino "... La vie est belle mais la journée a été vraiment très rude !