Vanoise

Vanoise
Au Col Rouge

mercredi 14 décembre 2011






R ( )  Avec un R comme Retour… 
Cette étape, car c’en est une sur la trace qui conduit à MONACO, se présente comme une parenthèse dans l’attente d’une suite dès le printemps prochain. L’aventure a été belle et intense, surprenante aussi car chaque jour apportait son lot de découvertes, de bonnes ou de mauvaises surprises… loin de la banalité de la chose déjà vue.
Les coups de colère et la fatigue ont été aussi du voyage et il a fallu parfois se remotiver dans les moments de solitude… les fins d’après midi orageuses, le brouillard et bien entendu la pluie car il aura vraiment plu en ce bel été 2011 ! 
Parfois, le regard interrogeait un abri, un coin sous un rocher ou une grange à foin… comme autant de possibilités pour poser le sac et dormir mais certainement aussi pour se rassurer ! J’ai rencontré deux jeunes Allemands qui, non seulement avaient cette même sympathique démarche, mais allaient également vérifier les accès et ouvertures des granges et chalets d’alpage situés à proximité de la trace… !
J’ai marché avec la foi du charbonnier "la charrue accrochée aux étoiles et la pluie entre les dents", ayant parfois le sentiment de « traverser » l’itinéraire dans l’urgence, en spectateur un peu dépassé, courant  derrière et évitant de se retourner.
Maintenant, après avoir posé le sac, je réalise enfin que j’ai bien été acteur de cette belle aventure… Réaction surprenante mais bien réelle. Revenons un peu en arrière… Au fil du temps la VIA ALPINA était devenue une évidente nécessité, un moyen élégant et ambitieux d’aborder ainsi une synthèse de ce massif aussi bien sur le plan géographique,  historique que humain. Depuis longtemps, je souhaitais m’inscrire dans un tel projet et je ne le regrette  pas !
J’ai fait le choix de partir seul et sans cartes. Les seules achetées l’avaient été avant le départ et concernaient les Alpes Slovènes et le Massif du TRIGLAV. Finalement, elles sont restées en France faute de place dans le sac. Elles sont  à vendre…
Toutefois, j’avais la carte de la VIA ALPINA, les cartes IGN ou Michelin, mais au 300 000ème, de la SLOVENIE, l’ITALIE, l’AUTRICHE et la SUISSE. Elles m’ont parfois aidé, quand j’avais le temps, à me situer sur le grand arc ALPIN… C’était  un  minimum !
Mon projet était avant tout un objectif de parcours plus qu’un objectif de destination. Je voulais d’abord m’inscrire dans la durée sur un itinéraire avec en tête quelques phases ou étapes « clefs » :
- la SLOVENIE- INNSBRUCK
- OBERSDORF- la FRANCE


Autant de repères et de bornes sur un itinéraire dont le tracé en zigzag est bien éloigné de la belle épure de l’Arc Alpin ! 
Le sac était un sac MILLET Expédition 65, acheté en SLOVENIE pour le confort et le volume disponible. Je portais un poids moyen de 13 à 14 kg, parfois un peu plus après avoir fait le plein de boisson et de provisions pour les repas de midi, c'est-à-dire fromage, saucisses fumées et pain de seigle !
Malgré tous mes efforts pour bien équilibrer ce sac, j’ai eu de manière continue des problèmes de maintien du réglage des courroies et attaches. Ces glissements intempestifs ont été un réel handicap tout au long de l’itinéraire ! A mon retour, je suis entré en contact avec MILLET, afin de faire tester cet équipement qui réellement présentait un défaut de fabrication.
Depuis, le problème a été résolu et le matériel est en cours d’échange et/ou de modifications… Attitude correcte et responsable de la part du fabricant ! 







J’avais bien réfléchi sur l’itinéraire et un copain, VIA ALPINISTE, m’avait donné quelques conseils. La traversée de l’Arc Alpin par l’itinéraire ROUGE s’est imposée comme une évidence car je ne connaissais ni les ALPES CARNIQUES,  ni les ALPES de BAVIERE ou encore  le TESSIN.
Par ailleurs, j’avais hésité à préférer l’itinéraire JAUNE au départ de TRIESTE, choix vite abandonné par peur des orages et de la chaleur en été. Pour rappel, ce tracé emprunte le SIMILAUN PASS, important et manifestement ancien col Alpin, ou a été découverte la momie d’OETZI.
Un jour, peut être, je ferai ces quelques étapes au départ d’INNSBRUCK ou de BOLZANO.
J’ai parcouru fidèlement l’itinéraire ROUGE. Les quelques, mais rares, écarts ont été le fait du mauvais temps ou d’une erreur d’itinéraire, sachant que le pire des crimes est de ne pas avancer… ! Et il en sera de même jusqu’à MONACO, dès la fin du  printemps 2012.

Que dire ?
Une évidence, les ALPES sont belles et  les traverser est bien sûr un voyage dans l’espace, mais aussi dans le temps car les Alpes sont  terres d’Histoire. 
Un constat, les ALPES se transforment et les rapports avec l’homme sont désormais bien changés. L’Alpe autrefois refuge, à longtemps protégé les hommes par l’isolement et l’éloignement. Il doit désormais et à son tour être protégé. Il y a des signes qui vont véritablement dans ce sens, c’est encourageant et même rassurant !
Un souhait : La VIA ALPINA et ses « parents » fondateurs doivent poursuivre et s’engager désormais hors des traces et des chemins battus afin de faire vivre ce beau projet. 
Pour revenir sur quelques points forts, j’ai réellement apprécié la traversée de la SLOVENIE malgré de grosses ampoules et le côté folklorique du balisage. En effet, même quand on se trompe il y a souvent le marquage rouge et blanc.
En fait, ce balisage est insuffisamment sélectif et il n’est pas vraiment amusant de se perdre ainsi sur de multiples sentiers balisés mais qui ne conduisent pas forcément au bon endroit !
Parfois le seul panneau de la journée portant le logo VIA ALPINA indiquait la ligne d’horizon sur l’autre versant de la vallée, semblant dire "c’est certainement là bas qu’il faut aller !" …Grand moment de solitude !
La traversée des ALPES CARNIQUES a été difficile. J’ai souvent marché à la poursuite des horaires indiqués… et seul, car toujours à contresens des autres randonneurs. C’est un long parcours de crête à cheval sur la frontière entre l’Italie et l’Autriche qui se termine au pied des DREI ZINNEN dans les DOLOMITES, magnifiques comme le TYROL du SUD, autre « perle » du parcours.
L’AUTRICHE de l’ARLBERG et de la SILVRETTA a été à la hauteur de sa réputation avec de magnifiques étapes Alpines au cœur du massif avec juste ce qu’il faut d’engagement pour apprécier, le soir venu, l’ambiance du refuge dans le "stube" en partageant et buvant quelques bières tout près du poêle de faïence. Souvenirs, souvenirs… déjà !


Il est difficile d’oublier les belles étapes de la VALTELINE, région Alpine bien engagée dans le projet de la VIA ALPINA avec des refuges, anciens casernements de douaniers, désormais propriétés des communes et gérés de manière exemplaire par des bénévoles… Quel accueil et quelle qualité de nourriture… Surtout ne changez rien !
Le TESSIN a été aussi un grand moment avec quelques étapes marathons et des dénivelés impressionnants dans des paysages sauvages. Une fréquentation plus assidue et plus marquée des sentiers ne ferait pas de mal et ne pourrait qu’améliorer leur entretien !
Je conserverai longtemps le souvenir de la descente par un sentier « cassant », très raide et glissant, au milieu de l’orage, vers PIAN SAN GIACOMO, au pied du Passo SAN BERNARDINO ! 1200 m de dénivelé effectués en jurant et pestant contre la terre entière pour atteindre enfin la vallée sans trop de casse,  juste avec de « grosses ampoules » au moral … Ce soir-là j'ai échappé de justesse au bivouac dans un abri-bus !
Je n’oublierai jamais les bouquetins rencontrés sur la trace, l’odeur du foin coupé, les spaghettis préparés à 10 heures du soir, la joyeuse colère de la responsable du Refuge BIELLA dans les DOLOMITES heureuse de servir un français certainement  "un peu fou" , la chaleur du dortoir sous la couverture alors que l’orage se déchaine dans la nuit, ou encore la douche glacée… et payante à KNORRHUTTE !
Le Topo guide de la VIA ALPINA a été apprécié au jour le jour. En l’absence de cartes, ce Topo m’a été très utile, présentant le descriptif de chaque étape avec un regard sur les aspects culturels, géographique et historique. Bref, de quoi ouvrir et lever les yeux sans perdre de vue les pierres du chemin…
Si j’osais, je complèterai avec quelques interrogations sur la traduction parfois fantaisiste et pleine de surprises de ce Topo… Je garde un souvenir ému et rigolard des « gares ferroviaires » et  des « voies ferrées » dans certaines stations d’altitude au cœur des Alpes ! … Car c’est ainsi, le traducteur se prenant allègrement la plume dans les câbles puis dans les mots, que sont traduits les termes allemands signifiant téléphériques, câbles et pylônes !
Il y a aussi quelques erreurs qui seraient à corriger : temps de parcours incomplets ou tronqués, passages de cols allègrement « sautés » ou négligés, adresses d’étapes privilégiant la "mauvaise bouffe". Enfin, le recensement d’hébergements de bonne qualité avec des tarifs bien adaptés reste encore à faire pour la SUISSE, pays de tourisme par excellence mais dans lequel l'abri anti-atomique des années 1960-70  reste souvent la seule alternative économique pour le VIA ALPINISTE. Vraiment pas de quoi faire la bombe !
Voilà pour quelques points marquants. Bien entendu, l’aventure, les rencontres étaient  au rendez-vous, chaque jour, certes  pas toujours au bon endroit ou au bon moment !
Finalement, c’est comme ça et c’est bien. J’ai ainsi marché avec un livre sous les pieds et l’œil émerveillé... toujours.
Maintenant l’hiver est là, j’ai accumulé beaucoup d’images et de souvenirs qui vont m’accompagner… Ce sera également le temps pour relire "Le chemineau de la montagne" qui raconte les exploits de Léon ZWINGELSTEIN ou encore quelques belles pages de Pierre TERMIER. Pour ne pas oublier cet été-là...
Je voudrais fermer ce premier chapitre en citant une phrase de Saint AUGUSTIN : "Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page"...