Le refuge du CAF ou j'ai dormi est situé à proximité d'un lieu saint, Notre Dame de Grace, édifié par les Bénédictins à la fin du 9° Siècle. Ce sanctuaire fut construit sur le site ou les ruines d'un ancien temple ou monument . Ici, il'agissait probablement d'un sanctuaire Romain.Vers l'an mille, lors de l'une de leurs nombreuses et fréquentes incursions dans les terres, les Sarrasins le détruisirent . Suite à apparition de la Vierge, le sanctuaire fut reconstruit, puis transformé en hopital par les Templiers avant de connaitre d'autres vicissitudes ,en particulier des pillages lors de la Révolution Francaise...Aujourd'hui, c'est toujours un lieu de culte... dans un trés beau site !
Lever matinal pour une longue journée dans le Massif du MERCANTOUR. L'itinéraire vers le Refuge de NICE emprunte le GR 52, itineraire trés fréquenté. La trace descend pour rejoindre le fond du petit vallon avant de remonter sur l'autre versant en de multiples traces au milieu des rochers et des mélèzes. Encore peu de randonneurs en cette heure matinale. Rendu peu visible par le soleil qui commence sa journée au dessus des crètes, je perds l'itinéraire et poursuis une mauvaise direction , celle empruntée par les troupeaux pour rejoindre un paturage de l'autre coté du torrent. Je tourne un peu en rond et traverse de gros eboulis ...C'est dangereux et je perds du temps. Je décide de revenir légèrement sur mes pas et enfin apercevoir un petit poteau en bois, planté au milieu des mélèzes, puis retrouver la bonne trace qui part plus haut dans la pente pour prendre une direction Est vers le PAS DU MONT COLOMB / 2506 m dont je devine en contrejour la découpe dans le ciel .
C'est trés beau mais insuffisant comme repère ! Ce qui l'est encore plus est l'état médiocre du sentier au milieu des pierriers et rochers qui constituent l'essentiel du parcours.On pourrait retenir de mes propos qu'il s'agit là de " l'itinéraire d'un enfant gaté"...Peut-etre dans la mesure ou j'arrive du Massif de L'ARGENTERA et du versant Italien des Alpes du Sud , que j'ai eu le bonheur et la chance de traverser des paysages et des reliefs identiques sur des chemins bien tracés, construits et correctement entretenus . Au fil de cette journée, je ne vais rencontrer qu'un balisage multiple, mal fichu , parfois contradictoire ou ambigu et donc source d'erreurs d'itinéraire et de perte de temps... Quant à l'état du sentier, il parait difficile de l'apprecier car il disparait trés souvent au profit de tracés approximatifs, en mauvais état. Au pire il pourrait devenir dangereux en fonction des conditions météorologiques . C'est bien dommage car nous sommes ici non seulement sur un G.R.mais également dans un Parc National et sur un itinéraire trés fréquenté. De quoi oublier la beauté du paysage dont l'aspect sauvage et la rudesse sont magnifiés par le grand soleil du matin !
Aprés avoir enfin traversé le Pas, j'entreprends une prudente descente dans un couloir raide et étroit avant de retrouver à nouveau de gros éboulis rocheux et les mémes difficultés d'itinéraire ...
La trace remonte pour contourner le Lac de LA FOUS avant de rejoindre le Refuge de NICE / 2230 m...De jeunes bouquetins s'emploient à lécher le béton du mur de la retenue d'eau , indifférents aux nombreux touristes et randonneurs venus passer la journée sur les bords du lac !
Le refuge, complétement rénové en 2009 est construit sur une butte rocheuse à l'autre extrémité du plan d'eau et le court chemin d'accés somptueux ! Je pose le sac pour manger quelques biscuits et obtenir quelques détails et confirmation sur la suite de la journée. Coup de fil du gardien au Refuge de VALMASQUE, prochaine destination et objectif de l'aprés midi . Il y a encore de la place, et le ciel bien couvert et brumeux , ne devrait pas tourner à l'orage dans la soirée...C'est tout bon . Le temps de terminer un verre d'eau et d'évoquer les difficultés du cheminement et c'est reparti mais avec une certitude de ne pas en avoir terminé avec ce fichu itinéraire ! Plus tard et plus haut vers la BAISSE DU BASTO / 2682 m , je rencontrerai plusieurs groupes de randonneurs plus ou moins en difficulté, cherchant un cairn, une balise au milieu des rochers ou encore la bonne trace de descente en essayant de garder l'équilibre tout en m'encourageant , mais avec relative lucidité sur ce qui m'attend...Ambiance !
Depuis le refuge , le sentier traverse quelques petits alpages à proximité de petits lacs glaciaires avant de prendre de l'altitude et disparaitre au passage d'un verrou glaciaire rocheux puis de raides éboulis . La configuration des lieux est trés austère, l'ambiance trés alpine et j'avance lentement dans un dédale de roches avant de rejoindre le col par une dernière pente de terre et de fins graviers...Il y souffle un vent froid qui apporte de larges nuages de brume masquant les sommets et le soleil .
La descente va s'effectuer dans ce mème environnement avant de rejoindre les prés et alpages situés dans le Vallon de VALMASQUE , sur les bords du Lac du BASTO... Ici, je suis au pied du MONT BEGO, de la VALLEE DES MERVEILLES et de ses gravures rupestres, fascinant et mysterieux témoignage d'un ancien culte voué aux dieux de la fertilité, de l'eau et de la foudre...Ce site et ces gravures se situent derriere le col que j'apercois juste au dessus... Dans le Massif du MERCANTOUR un tel passage pour les animaux et les bergers est appelé " Baisse " .
Trois lacs occupent le fond de ce long et magnifique vallon qu'il me reste à parcourir en suivant un bon chemin muletier, empierré ou pavé par endroits, pour rejoindre le Refuge de VALMASQUE / 2238 m . En cette tranquille fin d'aprés midi, je traverse un alpage à proximité de nombreux bouquetins et chamois, bien occupés à brouter .Et, chose rare, ils se partagent tranquillement le mème espace ! J'essaie de m'approcher pour quelques photos mais un vieux male de quelques hochements de tète bien significatifs avec ses grosses cornes puis avec quelques sifflements bien appuyés, me fait comprendre qu'il me faut désormais poursuivre vers le refuge et sans de perdre de temps. Le message est bien reçu !
Tout au long du chemin vers le refuge de nombreux randonneurs, assiste au coucher du soleil, attendant le moment opportun, " entre chien et loup " pour dresser la tente et preparer le bivouac pour la nuit..Parc national oblige ! Aprés avoir franchit la digue du premier lac, puis du second j'arrive enfin à proximité du refuge situé tout au bout du lac, sur un petit promontoire. Etonnement et grand moment de solitude... je lis sur un panneau que le sentier d'accés au refuge peut-ètre " délicat et glissant " ! Pris de doute, je m'attends au pire aprés une journée de marche sur des sentiers difficiles et non signalés. Faute d'autre information et par prudence ,je choisis de contourner la difficulté par un autre itinéraire. Ce trajet supplémentaire alterne une première descente avant de remonter un dernier verrou constitué de rochers bien arrondis par les anciens glaciers...Il me faudra environ 20 minutes pour parvenir au refuge ...Encore une longue et rude journée de marche !
Le temps de poser le sac, toujours plus lourd le soir..., de quitter les chaussures et il est l'heure de passer à table ! Je prends le repas avec une agréable et sympathique famille de hollandais en chemin vers la Vallée des MERVEILLES . Décrassage rapide...il n'y a qu'une ou deux douches d'eau froide mise à disposition et le refuge est complet ! J'arrive à trouver une place à peu prés correcte, dans un grand dortoir à l'étage .C'est l'affluence des grands jours avec des sacs et vètements qui trainent de tous les cotés et encombrent le couloir. Je hisse toutes mon équipement sur la couchette afin d'avoir un peu de confort et accessoirement me changer .Il fait trés chaud dans cet espace réduit sous le toit mais, bien entendu, la fenètre restera fermée toute la nuit !
Ce soir une question existentielle s'impose ...""Je retourne quand sur le versant Italien ? "
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Départ pour CASTERINO / 1559 m dans la Vallée de VALMASQUE… C'est ce que l'on pourrait appeler une étape de liaison ...Je prends le chemin forestier qui suit globalement l'axe de la vallée jusqu'à un parking. C'est un long et beau cheminement dans les bois de mélèzes et paturages sur lesquels broutent de beaux et nombreux spécimens bovins issus de la race PIEMONTAISE . Je poursuis sur une petite route jusqu'au petit hameau de CASTERINO situé sur un vaste replat au milieu d'une mélézaie. En hiver, c'est un important centre de ski de fond.
