Vanoise

Vanoise
Au Col Rouge

lundi 16 juillet 2012

R 104/105







Cette étape est particulière… Non sans émotion, je vais traverser l’Alpage de Derborence qui n’est pas un endroit comme les autres !
Un éboulement détruisit une grande partie du site au cours du XVIII° siècle et fit de nombreuses victimes dans les mayens de l’alpage…
En 1934, un écrivain suisse Charles Ferdinand RAMUZ écrivit un magnifique récit à partir de cette tragédie. Le beau texte qu’est «DERBORENCE » rappelle le drame mais décrit aussi des scènes de la vie paysanne aux caractères rural et familier. C'est certainement la plus belle œuvre de C.F. Ramuz !
«Derborence, le mot chante doux ; il vous chante doux et un peu triste dans la tète. Il commence par un son assez dur et marqué, puis hésite et retombe, pendant qu’on se le chante encore, Derborence, et finit à vide ; comme s’il voulait signifier par là la ruine, l’isolement, l’oubli. Car la désolation est maintenant sur les lieux qu’il désigne… Et, si loin que le regard porte, il n’y a plus rien que des pierres, encore des pierres, toujours des pierres. Depuis deux cents ans à peu prés.»

Magnifique poème en prose, à lire ou à relire !
Après un solide petit déjeuner je quitte l'hôtel du SANETSCH pour une courte montée en direction de l'Alpage de TSANFLEURON / 2113 m. Je cherche le départ de l'itinéraire vers le Col de SEX ROUGE / 2304 m... un panneau mal orienté indique les grands espaces ! Finalement je me dirige vers les bâtiments de la fromagerie. La traite du matin vient de se terminer et j'interpelle une jeune femme en train de décharger un 4x4. Originaire de Normandie elle partage ses activités entre le travail sur l'alpe et la fromagerie de SAVIEZE, plus bas dans la vallée. Sympa, elle m'invite à jeter un coup d'oeil a la fromagerie ! J'achète quelques fromages  pour la route !  et elle me confirme que le tracé démarre derrière les bâtiments... Peu fréquenté l'itinéraire se repère par un marquage sur les rochers et quelques piquets rouge et blanc… aux couleurs conventionnelles.
Après quelques hésitations, j'arrive à repérer quelques traces pour suivre le bon itinéraire le long d’un talweg ou coule un torrent dans son lit sablonneux, légèrement à droite des bâtiments. J’essaie d'avoir plusieurs repères visuels afin de faciliter le cheminement sur ce qui ressemble à un lapiaz. Pas evident avec ce grand soleil qui éclaire vivement ce vaste paysage !
Je poursuis sous un petit ressaut rocheux. Beaucoup de petits névés obstruent toujours la trace et ralentissent la marche. Arrivé à une bifurcation sous un gros rocher, je n’ai pas le choix : Le sentier disparait sous une longue et haute congère . Il  me faudra  remonter une importante et raide plaque de neige en creusant des marches à grands coups de pieds et en m’aidant des bâtons ! Connaissant les risques et les dangers de traversées de plaques de neige , j'aborde ce passage avec précaution  !
Arrivé en haut de ce passage délicat, j'aperçois enfin le col que j'atteindrai après avoir traversé un autre lapiaz , puis une belle pelouses alpine et finalement remonté un nouveau et grand névé.
Petit arrêt casse croûte, quelques photos et c'est la descente direction GODEY / 1374 m et DERBORENCE / 1458 m. J'atteins le fond d'un vallon pour partir dans une mauvaise direction... la trace située au fond d'une courte combe disparaît sous la neige ! Courte remontée au milieu de lys blancs pour arriver sur un petit replat avec quelques vieux chalets. Je continue sur un vieux chemin d'alpage.

La descente continue d'abord par la traversée d'une pente très raide au dessus d'une falaise que je descendrai par une fissure équipée de cordes et d'échelles... Passage délicat, raide et impressionnant à ne pas emprunter par temps humide...Ce premier jour est presque une journée initiatique !
La suite est une succession de lacets sur un sentier pentu et pierreux, sous un chaud soleil, avant une longue traversée au dessus d'un lac de barrage pour atteindre GODEY, en principe étape du jour.
Il fait beau et j'ai encore quelques ressources... Je décide de poursuivre jusqu' à ANZEINDAZ / 1888 m, la prochaine étape qui est à 3 / 4 heures de marche. Traversant la belle forêt qui s'est développée sur le gros éboulement de DERBORENCE et qui fait l’objet d’une protection particulière, je fais quelques photos de fleurs et surtout le plein d'eau sur le bord d'un petit torrent descendu tout droit des DIABLERETS dont j'aperçois l'impressionnante corniche de neige !






Après une agréable montée dans un sous bois de mélèzes, la trace rejoint le torrent du CHEVILLETAL avant de le traverser au niveau de l'alpage du GRENIER. Le sentier s'élève rapidement avec de raides et grands lacets pour franchir une brèche sous une cascade puis rejoindre le vaste plateau qui donné accès au PAS DE LA CHEVILLE / 2025 m, col tranquille sous les hautes falaises des DIABLERETS à proximité duquel j’aperçois deux petits renards et leur mère !
C'est dans ce vaste espace de pâturages, au milieu de très nombreux troupeaux et de leurs sonnailles que je termine cette journée de marche, un peu fatigué en ce début de VIA ALPINA !
Je fais le tour du hameau d’alpage pour chercher un hébergement. Faute d'autre solution, je rejoins le refuge GIACOMINI... Ce soir, c'est le seul refuge ouvert mais c'est également le plus cher ! Accueil très cordial et agréable, soupe aux croûtons puis douche.... Le gardien est étonné et s'inquiète de la faible affluence en ce début d'été . En effet, je suis seul dans un grand dortoir. La nuit sera calme .


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