Vanoise

Vanoise
Au Col Rouge

vendredi 31 mai 2013

R153


Cela aurait pu être une journée véritablement ensoleillée. En effet, tel un coureur de régate je vais tourner à la bouée... GARESSIO / 506 m est un repère important sur l'itinéraire de la Via Alpina. En quittant ce bourg des Alpes Ligures l'itinéraire de la Via Alpina repart plein ouest, direction les Alpes Maritimes et le rocher de MONACO !  En ce début de matinée, c'est une impression très particulière de franchir ainsi une nouvelle étape au même titre que le passage à OBERSDORF en Bavière ou au COL de COUX  lors de l'entrée en France après un long parcours depuis TRIESTE. 
Lors du petit déjeuner la propriétaire du gîte m'a signalé la présence de la "nebia" sur les collines environnantes, à proximité du COLLE SAN BERNARDO / 957 m et sur les flancs du MONTE GALERO où doit me conduire l'itinéraire du jour. La nebia est un brouillard très particulier et spécifique à  la région. Tout à la joie de repartir ainsi vers la destination finale, je ne prête pas une grande attention à ses propos...! Un peu plus tard, je retrouve la trace au creux d'un frais vallon, non loin d'une église. La  " bouée " prendra finalement la forme d'un modeste panneau tracé à la main et bien placé en évidence sur le bord du chemin ! 
Les premiers kilomètres s'effectuent sans aucune difficulté sous de grands arbres en direction du col, malgré l'arrivée d'une brume épaisse et humide poussée par un fort vent du sud et qui commence à envahir le paysage. Je traverse quelques clairières encombrées de troncs et de branches oubliées par des bûcherons... Quelques bâtisses ou granges abandonnées marquent également le paysage. Arrivé à proximité d'une importante route, l'itinéraire repart à nouveau dans les bois avant d'atteindre un large plateau où a été installé un parc de grandes et bruyantes éoliennes. Lecteur te voilà au courant...
 Bref arrêt au col pour échanger quelques mots avec un cyclotouriste avant de traverser la route pour emprunter une large piste poussiéreuse qui part tout droit vers la brume... L'endroit désormais occupé par les éoliennes a été déserté... restaurant et auberge ont fermé et sont vides de tout occupant ! 









La signalétique est présente mais pas forcément très claire sur cette partie et, malgré la présence du balisage " blanc-rouge ", j'ai quelques difficultés à repérer le bon itinéraire de la Via Alpina.. .d'autant plus que de grandes écharpes de brume masquent le paysage. Je décide de poursuivre sur un sentier qui monte sur les flancs boisés du MONTE GALERO. Une brume chaude, humide et de plus en plus épaisse s'installe dans un paysage de sous bois que la lumière peine à traverser et éclairer. Je me sens particulièrement isolé dans ce silence cotonneux et cette moiteur lourde qui colle aux vêtements. Je me retourne... personne à part l'habituel et incontournable ange gardien. L'ambiance n'est pas particulièrement agréable d'autant plus que je n'ai aucune idée des prévisions météo. Le temps va t-il tourner à l'orage, va t-il pleuvoir ?
Un nouveau panneau accroché à un arbre indique la direction du MONTE GARESSIO par une variante... que faire ? Préférant rester sur l'itinéraire, je poursuis la montée par un sentier en corniche avant d'atteindre une brèche rocheuse où je retrouve plusieurs et différents signalétiques. Mais il n'est point fait mention de la Via Alpina. Toujours dans la " nebia ", je poursuis vers le sommet par un étroit sentier qui se termine sur une crête herbeuse, au dessus de la forêt et de pentes dénudées qui paraissent bien raides. Je ne dois pas être loin du sommet ! La trace s’arrête sur une pointe encombrée de rochers... demi tour prudent pour retrouver sur l'autre versant un sentier balisé que je décide de descendre. Il fait toujours très sombre et la visibilité est bien réduite. Plus bas à une intersection je retrouve le départ du sentier " variante "... A défaut d'avoir choisi cet itinéraire de montée, je l'aurais emprunté par hasard à la descente ! Une conclusion s'impose... sans carte et dans le brouillard je me suis égaré ! Faute d'une autre solution je remonte rapidement sur la crête pour reprendre la trace jusqu'aux précédents fléchages. A cet endroit un seul sentier paraît descendre... A défaut d’être le bon itinéraire, ce sera mon choix pour essayer de retrouver quelques repères ou de nouvelles informations concernant la suite de l'itinéraire. La descente est très longue et hasardeuse sur ce sentier manifestement négligé et oublié sous les ronces et les branchages tombés depuis des arbres qui recouvrent les pentes de la montagne. Aucune vie dans les bois de ce profond vallon où seul  le cri caractéristique d'un lynx viendra troubler le silence et me rappellera quelques souvenirs de Slovénie.. .C'était déjà la même ambiance lourde !
Quelques ronces et une chute plus tard contre un tronc couché au travers, je pense apercevoir quelques maisons tout au fond du vallon. Je m'en approche après avoir croisé un chemin forestier qui se termine sur une route, dans un virage. Une chaîne métallique, que j'enjambe facilement, interdit l’accès de ce dernier chemin que je viens de parcourir ! Bonne nouvelle, j'ai retrouvé le soleil malgré la " nebia " qui s’accroche toujours sur les pentes.
J’aperçois deux personnes qui récoltent des pommes de terre dans un champ non loin de la route... Bref échange pour leur préciser que je cherche à rejoindre CAPRAUNA et accessoirement une possibilité d"hébergement dans les environs. Ma mésaventure n'a pas l'air de les surprendre... En fait, je suis arrivé très bas dans la vallée, au village de NASINO, à 9 km de ma destination et bien loin du refuge où je comptais passer la nuit. Par ailleurs, j'apprends qu'il n'y a pas de possibilité d'hébergement dans le secteur... Appel  auprès d'un voisin qui serait éventuellement intéressé pour proposer une chambre dans un hameau situé à quelques kilomètres... Finalement c'est d'accord !
Court arrêt sous la tonnelle de l'épicerie afin de me restaurer d'une belle assiette de fromage et de charcuterie. A l'arrière de la boutique est installé un petit mais moderne laboratoire où sont fabriquées de manière artisanale quelques spécialités locales telles que conserves de légumes, confitures ou encore marmelades de fruits. Promis, il devrait y en avoir pour le petit déjeuner...
Modestement installé sur le plateau découvert d'un petit véhicule motorisé à trois roues, je rejoindrai ensuite la chambre. C'est ici l'unique moyen de locomotion adapté pour circuler au travers des venelles du hameau ou traverser les étroits passages qui font office de porches d'entrée pour les maisons accrochées à la pente... Agrippé aux ridelles du véhicule et très attentif à ne pas laisser traîner les mains à l’extérieur du gabarit, je rejoins une étroite terrasse après un dernier passage de voûte. Comme autant de témoignages ou reproches de manœuvres hasardeuses et risquées, il y a quelques traces de rayures et de peinture sur les murs latéraux. Bonne nouvelle... pas de sang sur le mur en cette fin d’après midi !
Le véhicule s’arrête finalement au dessus d'un jardin potager. L'endroit est adorable et encore au soleil. Il fait chaud dans ce vieux village ligure. Encore quelques marches avant une bonne douche... J'aviserai demain pour la suite de l'étape. J'ai quelques scrupules car ce soir les propriétaires dormiront dans une chambre placée au sous sol de la maison... Je dormirai également malgré la présence de quelques moustiques.



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