Vanoise

Vanoise
Au Col Rouge

jeudi 23 juin 2011




R12 
Départ du KOCA PRI TRIGLAVSKIH JEZERIH....... Après une nuit glaciale dans un grand dortoir désert ! Le refuge est sur le sentier des sept lacs du TRIGLAV et à ce titre très fréquenté par des familles et des randonneurs. Prévu pour 220 places, il est souvent complet en pleine saison ! 
La montée de la vallée est magnifique, d'abord sous les mélèzes, puis dans un décor minéral fait d'éboulis et de grandes plaques de calcaire et enfin sur les très nombreux névés qui cachent encore les rochers en altitude mon itinéraire se termine, en principe, au KOCA N'A DOLICU.... mais les importants névés en décidèrent autrement ! Parvenu au Col du HRIBARICE... et devant autant de neige, je décide par prudence de faire demi tour et d'aller dormir au ZASAVSKA KOCA NA PREHODAVCIH.
C'est à cet instant que j'aperçois deux randonneuses cherchant une voie de descente... et s'approchant dangereusement d'une barre rocheuse située en contrebas... et sans deviner le danger. Je crie et leur fait des grands signes pour les diriger vers une pente de neige facile à descendre... elles finissent par comprendre et me remercie avec des "Thank you" et des grands moulinets de bâtons !
Puis je croise un randonneur, qui emprunte la trace du Col d'où je viens. Je l'informe des difficultés... il décide de continuer ! 
Finalement il fera demi tour et je le retrouverai au Refuge... C'est un diplomate, conseiller commercial à l'ambassade du Brésil, dans la Ville du Cap en Afrique du sud... Il m'avoue avoir eu peur !
Repas frugal et nuit froide dans un petit refuge sans eau ! Nous sommes une petite dizaine dont un couple de jeunes français originaires de Franche Comté.
R11
Après la longue étape d'hier, la trace conduit dans la haute Vallée du TRIGLAV, au coeur du Parc National.
Cependant au refuge je découvre qu'il y a non loin de là une vallée marquée par de durs combats au cours de la première guerre mondiale. Outre les forts et barbelés en haut d'un Col à 1804 m d'altitude... avaient été construits également un hôpital et des casernements ! En pleine montagne. C'est aujourd'hui un lieu de mémoire.
Un des refuges du parc, le KOCA POD BOGATINOM est d'ailleurs un ancien bâtiment militaire transformé.

C'est de là que je reprends la trace pour le KOCA du soir !... le PRIH TRIGLAVDKIH JEZERIH.
C'est une longue marche dans une forêt de mélèzes et de quelques épicéas, avec beaucoup de détours pour éviter lapiaz et dolines.
Le sentier finit par déboucher au dessus d'un verrou glacière... Voici le premier des sept lacs de la vallée et un peu au dessus, au pied d'un rocher, le refuge...
Priorité : trouver un endroit pour faire sécher le linge lavé ce matin. Le beau soleil de la journée n'a pas suffit !




R10
Grand beau... Le temps idéal pour traverser les Arêtes depuis le Refuge du CRNA PRST ( Le Doigt Noir ) jusqu'au VOGEL....
Je garderai un très bon souvenir de ce refuge et du couple de gardiens très disponible et accueillant. Lui travaille encore à 74 ans...
De part sa situation très particulière, le refuge est un vrai nid d'aigle qui fut d'abord un poste militaire. Parfois les lieux peuvent rester plus d'une semaine sans visiteur....C'est aussi un refuge sans eau !
Ce matin, c'est une longue journée qui commence ! Je voudrais faire cette longue et difficile traversée des arêtes en une seule traite, évitant ainsi une étape intermédiaire. Le cheminement est très aérien et il faut avoir le pied sûr... dès la sortie du refuge, le matin.
Le tracé évolue soit directement sur les arêtes soit sur une des faces ! Il y a quelques câbles, des piquets... et parfois deux troncs posés au dessus d'un ravin ! Sur un tel tracé, j'ai l'impression de ne guère avancer ! La deuxième partie est faite essentiellement de traversées de combes et passages de cols... Il y a quelques "pas" délicats et je dois parfois ètre patient en croisant ou doublant des randonneurs montés depuis la vallée par  un téléphérique. J'accélère la cadence car le temps passe !
Rapide traversée à proximité du Mont VOGEL / 1922 m  et j’enchaîne sous de nouvelles arêtes... Je n'en vois pas la fin ! C'est alors que j'aperçois trois magnifiques mouflons. Instant privilégié et furtif car ils m'ont vu... ils disparaissent au-dessus du col.
Non loin du sentier, j’aperçois quelques anciennes pierres frontière mais aussi des ruines de bâtiments datant de la Première Guerre Mondiale et quelques vestiges de tranchées qui remontent à l’époque où la frontière longeait la crête de ces montagnes, séparant l'Empire Austro Hongrois du Royaume d’Italie.
Au loin apparaissent déjà, magiques et sauvages, les forêts du Parc National du TRIGLAV et les parois calcaires du haut massif. Dans la descente je traverse d'anciens alpages envahis par la forêt : mélèzes, pins et érables sans oublier les fleurs ! Je reviendrai pour un cours de botanique car ce massif dispose d'une riche flore alpine bien en évidence car beaucoup d'espèces sont en pleine floraison.
Je pense poursuivre  l'itinéraire vers le KOCA DOM NA KOMNI mais un défaut de balisage et une erreur m’entraînent sur une mauvaise trace, très bas vers le magnifique Lac de BOHINJ. Il va falloir tout remonter une nouvelle fois !
Je finis par arriver et un bon plat de spaghetti bolognaise fera oublier toutes ces difficultés !  
Le refuge dispose de douches mais l'eau est froide... La responsable  me donne un seau d'eau chaude qui fera très bien l'affaire.

Je retrouve au refuge le couple de randonneurs belges partis la veille et qui ont fait une étape intermédiaire.       
Trés longue et fatiguante  journée ... ampoules aux pieds !

R9
Ce matin, pluie sur le POREZEN  / 1630 m et de gros problèmes d'ampoules. Ce sera donc une journée de repos forcé... encore que !
J'en profite pour rester en tongues et soigner les pieds ! Contrairement à la journée précédente, il y a de l'animation au refuge car aujourd'hui se déroule une compétition qui entre dans un challenge mondial des courses et marathons de montagne. Dès 8 heures du matin, grosse ambiance avec arrivée des services de sécurité, de police et l'installation d'un ravitaillement pour les coureurs  !
Au programme 2800 m de dénivelé positif...
Les accordéons se mettent en place, les bières et Schnaps sont sorties des sacs et la fête commence. La pluie, bien élevée, prend congé mais laisse un vent froid. Je suis toujours en tongues !
Le temps a l'air de s'améliorer et je descends à PETROVO BRDO / 803 m où se trouve une auberge susceptible de m'héberger pour la nuit. Il y a de la place et je rencontre un couple de Belges flammands qui vont jusqu'à INNSBRUCK également par la VIA ALPINA.
Le matin, gros orages... je propose un itinéraire modifié afin de ne pas perdre la journée. Nous partons donc pour le Mont VRH BACE, avec transport en 4x4 !
Surprise, la neige est au rendez-vous ! Et recouvre une partie de la trace.
La montée au CRNA PRST / 1844 m est un parcours sur des arêtes, en partie au-dessus de la forêt, suivant des croupes herbeuse... Le problème est la pluie glacée qui tombe en rafale et surtout un vent tourbillonnant qui soulève et déplace la cape de pluie... sale temps aussi pour le sac qui se mouille en peu de temps ! Manifestement j'ai encore des progrès à faire ... 
Pas d'hésitation, je m'abrite sous un sapin pour remettre le tout en place et en profite également pour enfiler un surpantalon de pluie... La marche se poursuit dans une forêt de melèzes et sur un sentier pierreux sous le regard de sombres parois rocheuses. L'endroit est vraiment sinistre et le "feulement rauque" et répété d'un lynx termine le tableau.
Ouf ! après un raide et dernier couloir dans la pierraille, j'arrive au KOCA DOM ZORKA JELINCICA / 1835 m.
Au cours de la montée, malgré la pluie et le vent, j'ai aperçu de magnifiques Ancolies des Alpes et autres Trolles.
Avec cette journée, au cours de laquelle, j'ai vu les premiers mélèzes, j'arrive dans le Parc National du TRIGLAV, renommé pour ses fleurs et plantes Alpines. Aujourd'hui compte tenu de la météo je n'ai pas voulu poursuivre sur les arêtes.


R8
Après une bonne douche et une bonne nuit dans un refuge désert, le petit déjeuner est pris tôt. C'est le départ pour Le Mont POREZEN / 1630 m et le refuge DOM ANDREJA ZVANA BORISA / 1590 m...!
D'abord trajet en voiture pour la pharmacie de CERKNO auprès de laquelle j'achète alcool et pommade. Aujourd'hui c'est pour soigner et désinfecter l'ongle incarné... puis départ pour POLJANE où je retrouve l'itinéraire de la Via Alpina, mais toujours en tongues !
Quelques soins aux pieds, j'enfile péniblement les chaussures et c'est à nouveau le départ pour une nouvelle et longue marche solitaire. Le sentier part droit dans la forêt et longe un torrent, presque une cascade. Pour grimper sec, ça grimpe sec et les pieds continuent de me faire souffrir. Mais je n'ai pas le choix, il faut avancer !
Le cheminement n'est pas des plus aisés car des bûcherons ont encombré la sente avec de nombreuses branches issues de l'abattage de hêtres ! Le temps est lourd et la trace désertée par les randonneurs. Comme les jours précedents, je ne croiserai personne.
Une petite hésitation vite corrigée par un coup d'oeil sur la carte et me voilà sur les contreforts du POREZEN. Pour la première fois depuis le départ, j'effectue un parcours sur une crête avec des espaces dégagés... Ca change des hêtres et autres sapins ! j'arrive à un premier col. Il y a quelques troupeaux et des chalets d'alpage mais toujours personne. Je traverse quelques bosquets aux arbres rabougris comme s'ils étaient marqués à jamais par le vent et les difficiles conditions climatiques. 
Avec le temps médiocre qui s'installe et le vent qui se lève l'endroit devient austère et presque sinistre malgré les nombreux lys martagon et lys orangé... c'est l'époque de la floraison et les environs sont couverts de fleurs.
Dernière montée sur les flancs du POREZEN et j'arrive au  refuge. C'est un ancien poste militaire. Le rez-de-chaussée est en béton et un niveau en bois a été créé pour aménager des dortoirs. J'aime cette odeur du bois qui recouvre les parois ! Il faut au moins ça pour dissiper cette ambiance froide et silencieuse... avec le vent qui souffle maintenant très fort, la brume qui recouvre le paysage et isole le refuge, je suis en plein remake de SHINNING. Dans une telle ambiance, même la douche flanquée au fond d'un vaste espace froid et humide paraît incongrue. En effet, le refuge a très peu de réserves d'eau et elle manque très souvent à la fin de l'été. 
Le gardien, très sympathique fait ce qu'il peut pour m'accueillir correctement et animer l'endroit. En fin d'après midi, deux personnes sont arrivées pour renforcer l'équipe du refuge, préparer des repas et des gâteaux. En effet, une course pédestre internationale est prévue pour demain et un poste de ravitaillement sera installé sur la terrasse, devant le refuge. Cela devrait changer l'ambiance, s'il ne pleut pas !
Après avoir jeté un coup d'oeil à la cuisine et plus particulièrement à la préparation d'un Apfelstrudel, je prends le repas du soir, seul, au fond de la grande salle chauffée... Atmosphère très particulière !
J'en oublie le menu : saucisse fumée avec un ragoût de choux émincé et de petits haricots rouges  !
Nuit à la hauteur de l'endroit... vent qui siffle, huisseries qui laissent entrer le froid et le vent. Et pour terminer une bosse gagnée contre le lit du dessus pour récupérer une couverture ne tenant pas sa place !

R7
Ce matin grand beau. Départ un peu tardif du gîte... mais il y avait de très bonnes raisons ! D'abord le petit déjeuner, puis la possibilité d'utiliser Viber et la téléphonie sur I.P. grâce à la très bonne qualité du Réseau Wifi de l'auberge...
Je peux ainsi passer quelques coups de fil en France. Pendant ce temps le linge finit de sécher sur le balcon !
Départ de LEDINE pour HERMANOVEC et le KOCA NA ERMANOVCU... Il fait très beau et c'est vraiment un plaisir et une découverte à chaque contour du chemin : les travaux des champs battent leur plein et en particulier la fenaison des prés... l'odeur du foin coupé envahit le paysage !
Au bocage succèdent désormais des reliefs beaucoup plus marqués avec les verts des prés qui se détachent sur le noir des forêts et le toit rouge des grosses fermes isolées qui forment l'essentiel de l'habitat... harmonie des couleurs d'un jour sur la Terre avec les brumes et lumière de fin de journée !
Je reviens à des considérations moins inspirées quand, à l'intersection de plusieurs chemins, la Via Alpina se fait alors mince trace en lisière de bois... et se termine en haut d'un pré ! Il me faut vraiment être attentif pour retrouver la trace perdue et ne pas passer la soirée dans les bois !
Je longe la lisière et arrive à proximité d'un poste de chasse puis d'une cabane écroulée pour retrouver la mince trace dans les herbes... Mauvais présage, elles sont dans les deux sens ! Quelqu'un s'est égaré avant moi.
Je remonte ce grand pré, puis le redescend à nouveau. Alors, imaginant le bon itinéraire suivant les courbes de niveau... je  retrouve un chemin et le balisage environ 150 mètres plus loin dans les bois... Je flaire la négligence de bûcherons qui ont abattu des arbres situés au bas du grand pré, effaçant ainsi tout repère !
Un coup d'oeil sur une carte pour m'apercevoir qu'aujourd'hui le tracé suit à peu près une ligne de haute tension... ce sera mon fil d'Ariane !
Je passe au sommet du BEVKOV VRH  puis me retrouve à la partie supérieure d'un immense champ en train d'être fauché ! Il n'y a même plus de traces dans l'herbe, tout a été effacé par le grand coup de tondeuse ! Pas rancunier, je salue le couple de paysans affairés autour de grandes "balles" de foin.
Un coup d'oeil aux alentours et je retrouve la ligne électrique passant à proximité d'une petite chapelle vers laquelle je me dirige volontiers... les Saints veulent rarement du mal aux voyageurs ! Je retrouve une flèche pointant l'horizon " c'est par là que tu dois aller si tu veux dormir ! ".
J'essaie alors de trouver le bon chemin et surtout d'éviter le mauvais raccourci qui me fera perdre du temps ! N'hésitant pas à enjamber ou ramper sous des clôtures en pleine pente, je descends de grands prés en direction d'une importante ferme à proximité de laquelle je retrouve quelques balises. Courte remontée pour rejoindre KLADJE, hameau situé à une intersection de chemins et d'une route que je traverse comme noté sur une carte. C'est ensuite un long trajet pour remonter de 400 m de dénivelé et redescendre encore de 100 m. 
Nouvel et dernier arrêt pour retrouver le tracé, au bout du chemin au fond d'un champ. Le départ du sentier, légèrement en contrebas est masqué par des troncs récemment abattus et coupés. Avec un peu de chance le balisage était peint sur les arbres...
Dernier raccourci dans les bois, mais correctement noté sur la carte pour apercevoir des vestiges de fortifications et cantonnements de la première Guerre Mondiale...
Enfin le panneau indiquant la proximité du refuge PLANINSKA KOCA NA ERMANOVCU, grande maison qui a l'air bien déserte au bord du chemin. L'entrée est sur l'autre côté ! Ouf, la porte est ouverte... Ce soir encore, j'aurai un repas chaud, un lit dans le dortoir et avec un peu de chance une douche !
Ce soir je serai le seul occupant du refuge !
Les gardiens sont effarés de voir mes ampoules ! Deux sympathiques jeunes des environs proposent de me conduire demain matin à CERKNO pour compléter ma pharmacie et traiter le problème sérieusement !
En attendant... C'est l'heure le dîner et la soupe de Gulash préparée par les gardiens. Puis ils s'en vont et  me ferment à clefs à l'intérieur !