Vanoise

Vanoise
Au Col Rouge

mercredi 14 décembre 2011






R ( )  Avec un R comme Retour… 
Cette étape, car c’en est une sur la trace qui conduit à MONACO, se présente comme une parenthèse dans l’attente d’une suite dès le printemps prochain. L’aventure a été belle et intense, surprenante aussi car chaque jour apportait son lot de découvertes, de bonnes ou de mauvaises surprises… loin de la banalité de la chose déjà vue.
Les coups de colère et la fatigue ont été aussi du voyage et il a fallu parfois se remotiver dans les moments de solitude… les fins d’après midi orageuses, le brouillard et bien entendu la pluie car il aura vraiment plu en ce bel été 2011 ! 
Parfois, le regard interrogeait un abri, un coin sous un rocher ou une grange à foin… comme autant de possibilités pour poser le sac et dormir mais certainement aussi pour se rassurer ! J’ai rencontré deux jeunes Allemands qui, non seulement avaient cette même sympathique démarche, mais allaient également vérifier les accès et ouvertures des granges et chalets d’alpage situés à proximité de la trace… !
J’ai marché avec la foi du charbonnier "la charrue accrochée aux étoiles et la pluie entre les dents", ayant parfois le sentiment de « traverser » l’itinéraire dans l’urgence, en spectateur un peu dépassé, courant  derrière et évitant de se retourner.
Maintenant, après avoir posé le sac, je réalise enfin que j’ai bien été acteur de cette belle aventure… Réaction surprenante mais bien réelle. Revenons un peu en arrière… Au fil du temps la VIA ALPINA était devenue une évidente nécessité, un moyen élégant et ambitieux d’aborder ainsi une synthèse de ce massif aussi bien sur le plan géographique,  historique que humain. Depuis longtemps, je souhaitais m’inscrire dans un tel projet et je ne le regrette  pas !
J’ai fait le choix de partir seul et sans cartes. Les seules achetées l’avaient été avant le départ et concernaient les Alpes Slovènes et le Massif du TRIGLAV. Finalement, elles sont restées en France faute de place dans le sac. Elles sont  à vendre…
Toutefois, j’avais la carte de la VIA ALPINA, les cartes IGN ou Michelin, mais au 300 000ème, de la SLOVENIE, l’ITALIE, l’AUTRICHE et la SUISSE. Elles m’ont parfois aidé, quand j’avais le temps, à me situer sur le grand arc ALPIN… C’était  un  minimum !
Mon projet était avant tout un objectif de parcours plus qu’un objectif de destination. Je voulais d’abord m’inscrire dans la durée sur un itinéraire avec en tête quelques phases ou étapes « clefs » :
- la SLOVENIE- INNSBRUCK
- OBERSDORF- la FRANCE


Autant de repères et de bornes sur un itinéraire dont le tracé en zigzag est bien éloigné de la belle épure de l’Arc Alpin ! 
Le sac était un sac MILLET Expédition 65, acheté en SLOVENIE pour le confort et le volume disponible. Je portais un poids moyen de 13 à 14 kg, parfois un peu plus après avoir fait le plein de boisson et de provisions pour les repas de midi, c'est-à-dire fromage, saucisses fumées et pain de seigle !
Malgré tous mes efforts pour bien équilibrer ce sac, j’ai eu de manière continue des problèmes de maintien du réglage des courroies et attaches. Ces glissements intempestifs ont été un réel handicap tout au long de l’itinéraire ! A mon retour, je suis entré en contact avec MILLET, afin de faire tester cet équipement qui réellement présentait un défaut de fabrication.
Depuis, le problème a été résolu et le matériel est en cours d’échange et/ou de modifications… Attitude correcte et responsable de la part du fabricant ! 







J’avais bien réfléchi sur l’itinéraire et un copain, VIA ALPINISTE, m’avait donné quelques conseils. La traversée de l’Arc Alpin par l’itinéraire ROUGE s’est imposée comme une évidence car je ne connaissais ni les ALPES CARNIQUES,  ni les ALPES de BAVIERE ou encore  le TESSIN.
Par ailleurs, j’avais hésité à préférer l’itinéraire JAUNE au départ de TRIESTE, choix vite abandonné par peur des orages et de la chaleur en été. Pour rappel, ce tracé emprunte le SIMILAUN PASS, important et manifestement ancien col Alpin, ou a été découverte la momie d’OETZI.
Un jour, peut être, je ferai ces quelques étapes au départ d’INNSBRUCK ou de BOLZANO.
J’ai parcouru fidèlement l’itinéraire ROUGE. Les quelques, mais rares, écarts ont été le fait du mauvais temps ou d’une erreur d’itinéraire, sachant que le pire des crimes est de ne pas avancer… ! Et il en sera de même jusqu’à MONACO, dès la fin du  printemps 2012.

Que dire ?
Une évidence, les ALPES sont belles et  les traverser est bien sûr un voyage dans l’espace, mais aussi dans le temps car les Alpes sont  terres d’Histoire. 
Un constat, les ALPES se transforment et les rapports avec l’homme sont désormais bien changés. L’Alpe autrefois refuge, à longtemps protégé les hommes par l’isolement et l’éloignement. Il doit désormais et à son tour être protégé. Il y a des signes qui vont véritablement dans ce sens, c’est encourageant et même rassurant !
Un souhait : La VIA ALPINA et ses « parents » fondateurs doivent poursuivre et s’engager désormais hors des traces et des chemins battus afin de faire vivre ce beau projet. 
Pour revenir sur quelques points forts, j’ai réellement apprécié la traversée de la SLOVENIE malgré de grosses ampoules et le côté folklorique du balisage. En effet, même quand on se trompe il y a souvent le marquage rouge et blanc.
En fait, ce balisage est insuffisamment sélectif et il n’est pas vraiment amusant de se perdre ainsi sur de multiples sentiers balisés mais qui ne conduisent pas forcément au bon endroit !
Parfois le seul panneau de la journée portant le logo VIA ALPINA indiquait la ligne d’horizon sur l’autre versant de la vallée, semblant dire "c’est certainement là bas qu’il faut aller !" …Grand moment de solitude !
La traversée des ALPES CARNIQUES a été difficile. J’ai souvent marché à la poursuite des horaires indiqués… et seul, car toujours à contresens des autres randonneurs. C’est un long parcours de crête à cheval sur la frontière entre l’Italie et l’Autriche qui se termine au pied des DREI ZINNEN dans les DOLOMITES, magnifiques comme le TYROL du SUD, autre « perle » du parcours.
L’AUTRICHE de l’ARLBERG et de la SILVRETTA a été à la hauteur de sa réputation avec de magnifiques étapes Alpines au cœur du massif avec juste ce qu’il faut d’engagement pour apprécier, le soir venu, l’ambiance du refuge dans le "stube" en partageant et buvant quelques bières tout près du poêle de faïence. Souvenirs, souvenirs… déjà !


Il est difficile d’oublier les belles étapes de la VALTELINE, région Alpine bien engagée dans le projet de la VIA ALPINA avec des refuges, anciens casernements de douaniers, désormais propriétés des communes et gérés de manière exemplaire par des bénévoles… Quel accueil et quelle qualité de nourriture… Surtout ne changez rien !
Le TESSIN a été aussi un grand moment avec quelques étapes marathons et des dénivelés impressionnants dans des paysages sauvages. Une fréquentation plus assidue et plus marquée des sentiers ne ferait pas de mal et ne pourrait qu’améliorer leur entretien !
Je conserverai longtemps le souvenir de la descente par un sentier « cassant », très raide et glissant, au milieu de l’orage, vers PIAN SAN GIACOMO, au pied du Passo SAN BERNARDINO ! 1200 m de dénivelé effectués en jurant et pestant contre la terre entière pour atteindre enfin la vallée sans trop de casse,  juste avec de « grosses ampoules » au moral … Ce soir-là j'ai échappé de justesse au bivouac dans un abri-bus !
Je n’oublierai jamais les bouquetins rencontrés sur la trace, l’odeur du foin coupé, les spaghettis préparés à 10 heures du soir, la joyeuse colère de la responsable du Refuge BIELLA dans les DOLOMITES heureuse de servir un français certainement  "un peu fou" , la chaleur du dortoir sous la couverture alors que l’orage se déchaine dans la nuit, ou encore la douche glacée… et payante à KNORRHUTTE !
Le Topo guide de la VIA ALPINA a été apprécié au jour le jour. En l’absence de cartes, ce Topo m’a été très utile, présentant le descriptif de chaque étape avec un regard sur les aspects culturels, géographique et historique. Bref, de quoi ouvrir et lever les yeux sans perdre de vue les pierres du chemin…
Si j’osais, je complèterai avec quelques interrogations sur la traduction parfois fantaisiste et pleine de surprises de ce Topo… Je garde un souvenir ému et rigolard des « gares ferroviaires » et  des « voies ferrées » dans certaines stations d’altitude au cœur des Alpes ! … Car c’est ainsi, le traducteur se prenant allègrement la plume dans les câbles puis dans les mots, que sont traduits les termes allemands signifiant téléphériques, câbles et pylônes !
Il y a aussi quelques erreurs qui seraient à corriger : temps de parcours incomplets ou tronqués, passages de cols allègrement « sautés » ou négligés, adresses d’étapes privilégiant la "mauvaise bouffe". Enfin, le recensement d’hébergements de bonne qualité avec des tarifs bien adaptés reste encore à faire pour la SUISSE, pays de tourisme par excellence mais dans lequel l'abri anti-atomique des années 1960-70  reste souvent la seule alternative économique pour le VIA ALPINISTE. Vraiment pas de quoi faire la bombe !
Voilà pour quelques points marquants. Bien entendu, l’aventure, les rencontres étaient  au rendez-vous, chaque jour, certes  pas toujours au bon endroit ou au bon moment !
Finalement, c’est comme ça et c’est bien. J’ai ainsi marché avec un livre sous les pieds et l’œil émerveillé... toujours.
Maintenant l’hiver est là, j’ai accumulé beaucoup d’images et de souvenirs qui vont m’accompagner… Ce sera également le temps pour relire "Le chemineau de la montagne" qui raconte les exploits de Léon ZWINGELSTEIN ou encore quelques belles pages de Pierre TERMIER. Pour ne pas oublier cet été-là...
Je voudrais fermer ce premier chapitre en citant une phrase de Saint AUGUSTIN : "Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page"...



samedi 17 septembre 2011



R102/103
Ciel clair pour quitter LENK. Le petit déjeuner de l'hôtel ALPENRUH est pris autour d'un généreux et sympathique buffet. Il y a beaucoup de randonneurs dans la clientèle et tout ce petit monde est déjà prêt à partir ! Je rejoins ma chambre pour récupérer le sac. Une nouvelle journée commence.
J'avance sur la route principale du village en direction du sud avant de tourner rapidement sur la droite, pour traverser la rivière sur le pont SIMMENBRÜCKE. Des panneaux indiquent la direction vers LAUENEN, destination du jour.
Les premiers pas sont toujours un peu problématiques, il faut chercher, parfois au hasard, saupoudrer d'un peu de chance afin de trouver la bonne trace !
Mais aujourd'hui, comme souvent, l'itinéraire est bien identifié par la topographie des lieux... un vallon latéral à remonter, le WALLBACH. 
C'est une combe boisée dans laquelle est tracé le chemin forestier que j'emprunte. L'ombre des arbres et la présence d'un torrent apporte une fraîcheur bienvenue. Ce sentier est dédié aux présidents d'un club local de randonnées, ils sont représentés sculptés dans des troncs de bois. Plus haut et plus loin, ce sentier devient un sentier à thème autour du lynx. Y aurait-il des liens ?
Peu importe, la pente est modérée et la montée agréable ! Au-dessus de la forêt de conifères, je traverse et remonte des prairies alpines pour arriver vers un groupe de beaux et vieux chalets... Je crois avoir atteint le col, en fait je suis à OBERE LOCHBERG / 1903 m. Le col est à l'autre extrémité d'un vaste alpage en forme de combe. La pente en est relativement faible.
Ce vaste espace est une immense prairie de fauche et des agriculteurs sont à l'oeuvre pour le ramassage du foin ! Je le traverse en regardant leur travail en cours... Malgré la mécanisation, ce travail est toujours impressionnant et les risques de renversement bien réels !
J'arrive enfin au col TRÜTLISBERGPASS / 2033m où je croise de nombreux autres randonneurs se reposant sous un chaud soleil !
Il fait beau et les paysages sont magnifiques avec cette belle lumière d'automne.
La présence de gypse aux abords du col se remarque par la couleur claire de la roche, mais aussi et surtout par les nombreuses cavités et entonnoirs creusées par l'érosion.
Le temps de quelques photos et je reprends la trace. La descente s'effectue par un bon sentier, puis par un chemin d'alpage, jusqu'à LAUENEN / 1242 m.
L'itinéraire est bien balisé au milieu des rhododendrons et des genévriers, puis au travers de champs pour raccourcir la descente !
J'arrive en tout début d'après midi à destination... Je m'arrête dans une épicerie du village pour acheter deux sandwichs et un Coca. Je pose le sac avec l'envie, presque l'urgente nécessité, d'arrêter ce fichu temps qui passe et profiter de l'instant avec une intensité rarement ressentie jusqu'alors... Nouvel apprentissage, dernière leçon de vie ou don de la VIA ALPINA ?
Il est encore tôt en cette après midi. Je décide de reprendre sac et bâtons pour continuer une nouvelle étape vers GSTEIG / 1187m...
C'est la 103ème, ce sera aussi la dernière pour cette année. En effet la météo annonce quelques jours de très mauvais temps qui vont certainement me retarder ! En outre mon banquier est en train de prédire ma prochaine banqueroute !...
Plus sérieusement le franc Suisse, et donc les hôtels, sont devenus très, trop chers ! Je suis également un peu las des pizzas, pastas et autres sandwichs qui font l'essentiel de mes repas depuis quelque temps. Enfin je n'ai guère envie de me retrouver bloqué dans un hôtel par le mauvais temps...
Quelque peu rassasié, je sors du village en empruntant la route principale, direction sud et trouve facilement et rapidement la bonne trace... Petite passerelle pour traverser un torrent, puis je remonte de vastes prairies avant d'entrer dans la forêt.
Ce dernier trajet et cette montée vers le CHRINEPASS / 1643m, tout modeste soit-il, s'effectue avec tranquillité et une sérénité empreinte d'émotion. Je prends tout mon temps pour faire quelques dernières et belles photos... un contrejour à l'orée du bois, la lumière du soleil sur une prairie récemment fauchée, les  tavaillons, gris et lumineux à la fois, sur le toit d'un vieux chalet... Images d'un monde en sursis ?
La belle lumière de l'après midi et l'odeur du foin coupé me font immédiatement penser aux premiers jours en SLOVENIE. Un été a passé, le temps d'une longue marche et d'une belle histoire. Les premiers foins de la campagne Slovène ont certainement repoussé et le regain est prêt pour une prochaine fauche et une nouvelle récolte. Cette longue traversée m'aura aussi enrichi d'une autre mais belle et abondante récolte d'émotions, de découvertes et finalement d'un nouvel apprentissage de la vie avec un regard différent sur la vie et le temps qui passe !
Une page va se tourner, ou plutôt une parenthèse va s'ouvrir jusqu'au printemps prochain.
Je croise un couple de randonneurs suisses... Nous discutons de l'itinéraire vers GSTEIG et de la VIA ALPINA...
J'arrive au col, au-dessus d'une belle combe où sont posés quelques vieux et beaux chalets. Coup d'œil sur le paysage avant de suivre la trace et les balises plantées dans les prés. J'atteins rapidement le niveau de la forêt d'épicéas dans l'ombre de laquelle le sentier déroule quelques lacets... Je traverse ensuite champs et prairies dans lesquels broutent des veaux et vaches... Quelques échelles permettent d'enjamber des clôtures et de continuer la descente toujours bien repérée et balisée en ce dernier jour.
Je me serais volontiers perdu une dernière fois pour attendre la nuit qui viendra effacer le paysage et baisser le rideau sur cette belle aventure.
Un dernier sentier à proximité du ruisseau me conduit enfin aux abords du village. Je suis attendu ! Un rendez vous a été pris à proximité de l'église... Dernière marche sur la route, dernier virage et dernier réflexe... le poteau indiquant et signalant la direction pour la 104ème étape est bien visible... Il y a également des hôtels à STEIG ! Tout est en place, le décor est bien planté...
Rendez-vous est pris pour l'année prochaine.

R101
Ce matin ciel clair sur ADELBODEN. Le soleil n'est pas encore levé, mais les montagnes sont bien là, se détachant sur le ciel déjà bleu... La pluie et le brouillard les avaient kidnappées le temps d'une soirée.
De la chambre qui donne sur Dorfstrasse, je peux apercevoir les deux principales cascades et, enfin, me rendre compte de la topographie des lieux !  
Hier, tout était noyé dans un épais brouillard...
Je prends un copieux petit déjeuner dans cet hôtel, certainement un des moins chers d'ADELBODEN. Il fait parti du réseau Suisse B and B et de nombreux randonneurs y ont élu domicile et s'affairent dans la petite salle à manger.
Aujourd'hui, direction LENK. Comme l'étape est assez courte, je vais aller voir les vitraux de l'église, oeuvres de GIACOMETTI... Il y a également une très belle fresque ancienne peinte à l'extérieur, sous le porche.
Du centre du village, je descends légèrement direction sud pour rejoindre puis remonter un ravin, ou plutôt un vallon, que dévale un torrent, le GILSBACH. Le dénivelé est peu marqué et la montée sous les sapins agréable. J'arrive tranquillement sur l'alpage GEILSBUEL / 1714 m...
Mais il y a certainement plus tranquille car, à cet endroit, arrivent également voitures, bus et télécabine depuis ADELBODEN.
Il faut savoir résister à tout ces bus et téléphériques !
Petit moment d'hésitation, au milieu des prés de fauche, avant de retrouver la trace qui mène au col HAHNENMOOSPASS / 1947 m.
Je m'arrête sur un banc pour prendre mon repas. Il fait beau, j'écoute les sonnailles d'un troupeau et le paysage est somptueux ! Cependant, à mes pieds, vidées, renversées et fichées dans l'herbe 3 bouteilles de bière me font douter... Suis-je bien en Suisse ?
Je repars pour me rendre compte que la VIA ALPINA partage un chemin d'alpage avec des trottinettes. Ça manque d'allure !  Je préfère encore la présence des vaches !
Arrivé au col, je me retrouve au milieu de fans d'aéromodélisme qui font voler des maquettes télécommandées.
Je pose le sac, c'est plus pratique pour regarder !
Le paysage est typique de l'OBERLAND et de la SUISSE... Des prairies récemment fauchées, la belle herbe verte des alpages et, sur tous les versants la présence de chalets avec les nombreuses taches sombres des bois.
La descente sur le versant de LENK ne pose aucun problème... Un chemin empierré et quelques raccourcis conduisent rapidement à BÜELBERG / 1653 m. Il y a un restaurant d'alpage, mais aussi un arrêt de bus pour LENK, en fond de vallée.
Un bon sentier, que je découvre rapidement, démarre derrière le restaurant... La trace reste bien dans l'axe de descente de la route, qu'elle emprunte parfois, mais en coupant de nombreux virages.
A proximité de LENK, le sentier se rapproche de la rive gauche du torrent, qu'il longe jusqu'à la route principale.
Malgré et après une impossible négociation tarifaire, je prends une chambre à l'Hôtel ALPENRUH.
Je lave une nouvelle, et certainement dernière fois, les vêtements de la journée... Puis, douché, je pars marcher dans le village... Courte visite  à l'Office de tourisme pour quelques informations concernant la journée de demain qui sera certainement la dernière...
Des orages sont annoncés pour les jours suivants et j'ai décidé de rentrer.
Ce soir, il fait beau, j'achète une bière et deux sandwichs... Cela fera le dîner que je prends sur une place du Bourg et dont je partage quelques miettes avec les oiseaux !

jeudi 15 septembre 2011

R100
Au BERGHOTEL SCHWARENBACH, j'ai retrouvé un peu l'ambiance des refuges... Les dortoirs, les lampes frontales dans la nuit, quelques ronflements, la préparation des sacs et les discussions avant d'aller se coucher !
Ce matin, départ pour ADELBODEN / 1347 m.
Dès la porte franchie, je retrouve un sentier, avec le logo VIA ALPINA.
Le sentier monte rapidement et régulièrement  en direction d'un premier col situé au-dessus du refuge. Puis après une longue traversée sous une impressionnante falaise, avec quelques longueurs de câbles pour sécuriser la trace en léger devers, je rejoins un vaste plateau d'alpage en tirant sur la gauche, vers sud, sud-ouest.
Le temps de souffler un peu et le sentier repart en direction d'un autre col, altitude 2614 m.
Dans la brume qui monte, j'aperçois, en dessous et sur la gauche, le beau lac TOSSENSEE.
C'est dans la dernière montée que je surprends un groupe d'une dizaine de bouquetins. Ils sont au-dessus de moi, sur le sentier, et je ne les ai pas vu...
Je suis à peu de distance, un mâle émet un espèce de sifflement, proche de celui des chamois ! J'essaie de les contourner car ils sont bien installés sur la trace et surtout nombreux ...on ne sait jamais !
De plus, ce sont les vrais "habitants" de l'Alpe et je ne fais que passer ! Sont-ils les descendants d'animaux prélevés, lors d'anciens braconnages, dans la réserve du Grand Paradis, alors Chasse Royale de Victor-Emmanuel, pour repeupler les Alpes Suisses ?
Le temps de quelques photos et le petit groupe s'écarte rapidement pour aller s'installer sur un autre rocher.
Instants fugitifs mais toujours magiques. Je croise un couple de randonneurs qui s'engage sur un autre versant.
Au col, je poursuis, par une traversée sur une arête, puis une longue descente de crète herbeuse en direction d'ENGSTLIGENALP / 1936 m.
Depuis le matin, je surveille l'évolution de la couverture nuageuse et en particulier les nuages qui remontent de la vallée. En règle générale, ce n'est pas un bon signe.
Peu après le col, je suis "avalé " par ces nuages, dans une humidité lourde et poisseuse.
Le sentier devient chemin, quelques virages et j'arrive sur le replat où se situe  l'alpage d' ENGSTLIGENALP en plein brouillard et crachin... je n'y vois pas à cinq mètres et c'est le bruit d'un tracteur qui m'alerte... J'avais l'intention d'aller directement à LENK, c'est raté ! Personne dans la ferme auberge... Alors faute d’hébergement pour rejoindre plus facilement la prochaine étape, je vais devoir descendre jusqu'à ADELBODEN !
J'effectue prudemment la descente car les pierres comme les traverses en bois du sentier sont devenues très glissantes !
Pourtant, le chemin est très bien dessiné et taillé dans une paroi quasi verticale... mais aujourd'hui il pleut !
C'est ce tracé, d'un dénivelé de près de 800 mètres qu'empruntent les troupeaux au printemps lors de la montée à l'Alpage ! Bon courage...
Un petit détour pour voir les cascades... Si les pierres restent aussi glissantes,  je vais finir par en faire une vraie !
J'arrive dans la vallée et poursuis sur la route, vers  ADELBODEN situé à quelques km. Tout est noyé dans le brouillard et le crachin. Je traverse quelques hameaux le long de la route et termine par une longue remontée vers le centre de la station.
L'endroit parait chic... De beaux et  très chers hôtels, des boutiques de luxe mais très peu de monde dans les rues. Je me dirige vers Dorfstrasse, il y a toujours une rue qui porte ce nom, car j'ai une adresse d'hôtel bon marché. 
Plus de place en dortoir... Ce sera donc une chambre particulière. Douche puis rédaction du blog !
Enfin petit tour dans Dorfstrasse pour dîner. Tout est cher... Ce soir au menu beignets de poulet, frites et bière dans une ambiance "hamburger-formica" un peu exotique et décalé dans un tel village.
Le progrès est en marche et le tracé Suisse de la VIA ALPINA  à  parcourir en courant...

mercredi 14 septembre 2011




R99
Ce matin, le temps est magnifique et le soleil de septembre ajoute une touche dorée au paysage. C'est tout simplement beau !
LEUKERBAD / LOECHE LES BAINS est une station thermale réputée et il y a déjà beaucoup de monde dans les rues : curistes, randonneurs et tout simplement touristes !
La station est située au fond d'un vaste cirque au pied de très hauts contreforts rocheux et j'ai peine à imaginer qu'un sentier puisse monter jusqu'au col GEMMIPASS que l'on devine par les câbles... car en fait, il y a aussi un téléphérique !  
Ce col, comme les SEPTIMER PASS, GRIESPASS etc... est un col qui reliait deux vallées, ou comme ici  deux régions de la Suisse, le Valais et le Canton de Berne.
Le BERGHOTEL SCHWARENBACH où je vais faire étape ce soir, est d'ailleurs un ancien bâtiment des Douanes qui a été transformé. Le Responsable me montrera d'ailleurs une ancienne gravure du XIX siècle sur laquelle on aperçoit des touristes, dont plusieurs dames montées sur des mules, devant le bâtiment , et en route pour le GEMMIPASS !
Depuis nombre de ces cols ont perdu leur importance... Les échanges et les voies de communication ont changé de dimensions et parfois de lieux.
Les échelles de distance et de temps de parcours ne sont plus les mêmes. Aujourd'hui un tunnel ferroviaire et d'autres routes relient ces deux cantons.
Donc, ce matin, pas de problèmes d'itinéraire ou de tracé ! Il faut simplement suivre les câbles.  
Le sentier grimpe régulièrement... mais c'est très raide ! Pas de paliers pour souffler un peu mais quelques rares bancs. Je marche avec un suisse du Jura, nous discutons en marchant... et le temps passe plus vite.
Le chemin a été tracé de manière remarquable, en utilisant des vires, des couloirs et quand ça ne passait pas en creusant dans la roche ou en montant des murs de soutènement.  
Finalement, j'arrive au bout de ces 1000 mètres de dénivelé. J'aperçois les Alpes Valaisannes et particulièrement le Cervin sous un profil inhabituel.
Au col, beaucoup de randonneurs montés par le téléphérique ou par l'autre versant, celui de KANDERSTEG, plus accessible. Un proche refuge accueille tout ces visiteurs d'un jour ...  Je poursuis mon itinéraire  sur le chemin jusqu'au lac DAUBENSEE. Puis une courte montée et quelques virages en descente....et au  fond, sur le côté d'un étroit vallon rocheux, au bord du chemin, j'aperçois le BERGHOTEL SCHWARENBACH. Je m'attendais à un refuge bondé car à mon arrivée le gardien m'avais fait remarquer que je n'avais pas réservé. En fait, c'est un peu "Shining"... Je mange seul à ma table et j'ai un numéro de couchette dans le dortoir. Il y a un peu de rigidité dans l'air !
Ce soir, nous restons 9 dans cet imposant bâtiment... Retour à l'ambiance "Refuge" et au dortoir !